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Dans un Pays Fort



Pour ceux qui n'ont rien suivi, ça a commencé ...

 

Vide-Grenier

11 octobre 2008 6 11 /10 /octobre /2008 12:29

Lorsque Monsieur S, Chevaizois bien connu, reçut d'un voisin deux kilos de raisin noir, il se trouva embarrassé. D'habitude, c'était lui qui faisait profiter son entourage des surplus de sa production potagère et fruitière, haricots verts en tête, après avoir rempli son propre congélateur au grand désarroi de sa femme qui, pendant qu'elle se trouvait consignée à confectionner des sachets en quantité industrielle, s'arrangeait toujours pour se sauver et en écouler en douce auprès ses amies. Ce jour-là, donc, Monsieur S. considéra cet encombrant potlach avec agacement. Il n'aimait guère se trouver redevable, et la récolte du jour lui semblait un peu aigre.

Il alla aussitôt trouver ses jeunes voisins, les D., dont les trois filles étaient connues pour avaler sans difficulté toutes sortes de mets. Mme D. le reçut comme d'habitude entre deux portes, prétextant cette fois-ci que la petite dernière, juchée sur les « grandes toilettes », exigeait sa présence immédiate. Elle accepta le don avec amabilité mais sans enthousiasme, posa le sac en plastique sur la table de la cuisine et s'en retourna vaquer. Lorsque son mari rentra et qu'il vit successivement le sac, puis le regard de sa femme, il comprit. « Tiens, je vais les apporter à ma mère, qu'est-ce que t'en penses ? »

La mère de M. D., qui vivait dans un village non loin de là, espérait toujours les visites de son fils et de ses petites filles, jamais assez fréquentes à son goût. Elle regarda avidement le contenu du sachet et s'exclama qu'elle adorait ça. « Tu sais, ils sont peut-être un peu acides, et les grains sont petits, méfie-toi », lui dit son fils qui connaissait les mésaventures gastronomiques et gastriques de sa mère. Celle-ci, dernière d'une famille de onze enfants, élevée par une mère qui leur disait en ch'ti : « y vous faudrot eun' bonne guerre, mes tiots ! », ne pouvait se résoudre à gaspiller de la nourriture et, bon ou pas, elle mangerait le raisin.

Quelques jours plus tard, elle reçut la visite de Mme S. qui, s'en revenant de la réunion hebdomadaire de son club, avait envie de papoter. Elles picorèrent le raisin, pérorèrent sur les voisins, et se quittèrent ravies.

« Dis donc, ton raisin, il est bien meilleur que celui qu'on nous a apporté l'autre jour, dit Mme S.

- C'est normal, il vient de mon fils. Il soigne sa vieille mère, hein ? »



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commentaires

A
les atteingneins s'atteignirent, c'est ça ?
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G
<br /> Oui, et le raisin fut mangé, c'est ce qui compte.<br /> <br /> <br />
O
Z'y connaissent ren de ren !!!! Bien entendu que le raisin est meilleur quelques jours après (et quand on ne connait pas sa provenance hihi)
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G
<br /> Ce raisin-là a une bonne conservation, pour alimenter la conversation.<br /> <br /> <br />
D
ah ce conflit des générations....
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G
<br /> Une vraie mère juive !<br /> <br /> <br />